Pourquoi je garde mes données chez moi (et pas dans le cloud)

Le cloud est pratique… jusqu’au jour où il ne l’est plus. Je t’explique pourquoi j’ai décidé de garder mes données chez moi, pour de bon.

TL;DR – Le cloud, c’est pratique… jusqu’à ce qu’il devienne intrusif, instable ou opaque. Voici pourquoi j’ai choisi de reprendre le contrôle sur mes données en les hébergeant chez moi.

On nous dit souvent que le cloud est sûr, résilient, pratique. Et c’est vrai. Mais c’est aussi une façon très subtile de dire « vous n’êtes plus propriétaire de vos fichiers ». Chaque document stocké, chaque photo téléversée, chaque sauvegarde automatique est potentiellement analysée, dupliquée, et monétisée. Et puis un jour, votre compte est fermé sans préavis, ou un bug efface tout.

Des incidents bien réels

Plusieurs exemples récents rappellent les limites du cloud : en 2021, Google a supprimé sans préavis le compte d’un utilisateur ayant sauvegardé une photo médicalement légitime, provoquant une perte totale de ses données. En 2023, Dropbox a connu une panne mondiale de plusieurs heures. Des services comme Evernote, Flickr ou OneDrive changent de modèle ou imposent des règles automatisées, parfois erronées. Ces situations sont loin d’être marginales : elles révèlent une réalité inquiétante. Les utilisateurs du cloud ne sont pas propriétaires de ce qu’ils y mettent. Ils deviennent dépendants d’un prestataire qui peut modifier unilatéralement les conditions d’accès.

Une souveraineté en voie de disparition

Confier ses données au cloud, c’est faire le pari de la confiance… sans réel contrat d’équité. Ce qui m’a poussé à quitter ce modèle, ce n’est pas un rejet de la technologie, mais une volonté de redevenir maître chez moi. L’hébergement local, avec un NAS bien configuré, un pare-feu, du chiffrement et des sauvegardes externes, m’offre cette liberté.

Ce choix est d’autant plus pertinent dans un monde où les données sont devenues une ressource stratégique. Elles sont le carburant de l’économie numérique, la cible des pirates, l’objet de surveillance étatique, et la matière première de l’intelligence artificielle. En les gardant en local, je reprends une forme de souveraineté personnelle.

Sécurité, simplicité, autonomie

L’idée que le cloud est plus sécurisé est un mythe. Bien sûr, les grands acteurs disposent d’experts, mais ils sont aussi des cibles constantes. Et leurs modèles reposent sur la mutualisation des risques, pas sur la personnalisation de la sécurité.

Avec une solution maison, je décide des règles. Je configure mes accès. Je surveille les connexions. Je ne dépends plus d’un call center à l’autre bout du monde pour récupérer mes fichiers.

Est-ce plus technique ? Un peu. Mais les progrès des outils comme OpenMediaVault ou TrueNAS facilitent énormément cette transition. Et pour ceux qui souhaitent de l’aide ou un hébergement éthique, il existe les CHATONS, ces hébergeurs solidaires nés sous l’impulsion de Framasoft.

Des alternatives qui respectent les utilisateurs

Je n’ai pas rejeté toute forme de service distant. J’ai simplement remplacé les géants par des projets cohérents avec mes valeurs. J’utilise le Synology Drive pour synchroniser mes documents entre mes appareils, et Synology Photos pour centraliser et trier mes photos, en remplacement de Google Photos.

Pour le stockage de mes factures et de tous mes documents importants, j’utilise Paperless-ngx, une solution open source puissante et autonome.

D’autres alternatives mériteraient d’être explorées dans un futur article, comme Immich ou Ente, deux plateformes prometteuses pour la gestion photo auto-hébergée.

Une bataille géopolitique invisible

Le Cloud Act américain, entré en vigueur en 2018, autorise les États-Unis à exiger l’accès à des données hébergées partout dans le monde dès lors qu’elles sont détenues par une entreprise américaine. Microsoft, Amazon, Google sont tous concernés. Cela signifie qu’un fichier stocké en France, sur un serveur Microsoft Azure, peut être transmis au FBI sans que vous ne soyez jamais prévenu.

La Cour de Justice de l’Union européenne a plusieurs fois rappelé que ce type d’extraterritorialité est incompatible avec le RGPD. Mais dans les faits, la souveraineté numérique européenne reste faible. Tant que nous dépendons de prestataires étrangers, nos fichiers ne nous appartiennent qu’en apparence.

Héberger ses données chez soi, c’est refuser de participer à cette opacité. C’est sortir de la chaîne de dépendance. C’est reprendre le contrôle, tout simplement.

Une écologie numérique à construire

Enfin, il y a une dimension écologique. Les datacenters sont des gouffres énergétiques. Refroidissement, disponibilité 24/7, redondance permanente… le coût environnemental est invisible mais massif. Le Shift Project estime que le numérique émet autant de CO₂ que l’aviation civile. Et cette part augmente rapidement.

En stockant mes données chez moi, je consomme moins. Je recycle. Je réduis les trajets inutiles de données à travers la planète. Ce n’est pas parfait, mais c’est mieux. Et c’est à ma portée.

Une liberté à reconquérir

On m’a souvent dit que j’étais un peu extrême, un peu rétrograde. Peut-être. Mais je préfère être autonome que surveillé, libre que dépendant, acteur plutôt que consommateur. Mon disque dur ne me piste pas. Mon NAS ne revend pas mes habitudes. Mes fichiers ne sont pas un produit.

Alors oui, garder mes données chez moi prend un peu plus de temps. Mais c’est aussi un choix philosophique, écologique, politique. Un refus de l’évidence. Une affirmation simple et tranquille : ce qui est à moi reste à moi.

Sources

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